Faits établis de l'enquête sur le chavirement mortel d'un bateau de pêche près de Salmon Beach (Nouveau-Brunswick)
Les enquêtes menées par le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) sont complexes – un accident n'est jamais causé par un seul facteur. L'accident de juin 2016 près du quai Miller Brook, à Salmon Beach (Nouveau-Brunswick) ne fait pas exception. L'accident résultait de nombreux facteurs, qui sont expliqués dans les sept faits établis quant aux causes et facteurs contributifs. De plus, l'enquête a cerné six faits établis quant aux risques ainsi qu'un autre fait établi.
Faits établis quant aux causes et aux facteurs contributifs
- Alors que les membres d'équipage remontaient le deuxième filin de casiers à homards, le troisième filin s'est emmêlé avec le chalut d'un autre pêcheur.
- Les contraintes exercées par le filin emmêlé qui se trouvait sur le treuil vire-casiers ont tiré le plat-bord tribord arrière vers le bas; le franc-bord sur cette partie du bateau a diminué, et de l'eau s'est infiltrée dans le bateau.
- Alors que tous les membres d'équipage étaient rassemblés près du côté tribord arrière du bateau pour tenter de remonter le casier et de libérer le filin, le matelot de pont expérimenté s'est penché en avant par-dessus le plat-bord. Ce mouvement a entraîné la réduction du franc-bord dans cette partie du bateau et a accru la quantité d'eau sur le pont.
- Le capitaine a donné l'ordre de libérer le filin de casiers, mais il était trop tard. Le bateau a roulé sur tribord et a chaviré, et les 3 membres d'équipage ont été projetés à l'eau.
- Les membres d'équipage ne portaient pas de vêtement de flottaison individuel lorsqu'ils sont tombés dans l'eau, ce qui a réduit leurs chances de survie.
- Aucun message de détresse n'a été émis. Dans l'obscurité, il a fallu un certain temps avant qu'on aperçoive le bateau renversé et que le Marie Eliser 1 vienne en aide aux 3 membres d'équipage.
- Le capitaine et le matelot de pont expérimenté étaient inanimés lorsqu'ils ont été remontés à bord du Marie Eliser 1 et leur décès a été confirmé plus tard par les ambulanciers paramédicaux. Le matelot de pont s'est rétabli après avoir reçu des soins pour hypothermie.
Faits établis quant aux risques
- Si le secteur de la pêche commerciale n'est pas visé par la Loi sur l'hygiène et la sécurité au travail du Nouveau-Brunswick et ne fait pas partie du programme de sécurité de Travail sécuritaire NB, il y a un risque accru que les pêcheurs ne suivent pas des méthodes de travail sécuritaires.
- Malgré les campagnes de sensibilisation de l'industrie, si les pêcheurs ne revêtent pas de vêtement de flottaison individuel ou de gilet de sauvetage lorsqu'ils travaillent sur le pont, le risque de noyade après une chute à l'eau demeurera élevé.
- Si Transports Canada n'exige pas que les pêcheurs portent un vêtement de flottaison individuel en tout temps quand ils sont sur le pont, il y a un risque accru de noyade en cas de passage par-dessus bord.
- Si la Loi sur l'hygiène et la sécurité au travail du Nouveau-Brunswick n'exige pas que les pêcheurs portent un vêtement de flottaison individuel en tout temps dans un but de protection personnelle quand ils sont sur le pont d'un bateau de pêche commerciale, le risque de décès en cas de passage par-dessus bord est plus élevé.
- Si les bateaux de pêche ne sont pas dotés d'appareils de communication pouvant transmettre un signal de détresse automatique, comme une radiobalise de localisation des sinistres, l'intervention de recherche et sauvetage peut être retardée, voire non lancée ce qui augmente le risque de décès.
- La sécurité des pêcheurs sera compromise tant que la relation complexe et l'interdépendance entre les questions de sécurité ne seront pas reconnues par le milieu de la pêche et que celui-ci n'adoptera pas les mesures nécessaires.
Autres faits établis
- Un poste bande publique et 2 téléphones cellulaires étaient les seuls appareils de communication à bord, et les membres d'équipage n'ont pas pu les utiliser parce que le bateau a chaviré très rapidement.